L’herbier anonyme des Landes, collection de plantes des champs et des jardins réalisée par un auteur inconnu du XVIIIe siècle, est au cœur de l’exposition « L’Homme et le végétal ».
Source d’inspiration pour Martine Chenais, photographe contemporaine, cet herbier invite à l’exploration poétique d’un désir de cueillir, décrire et montrer. L’auteur de l’herbier, sans visage, s’est laissé apprivoiser dans sa patience et sa minutie de collectionneur.
Plantes alimentaires, médicinales, textiles, tinctoriales : cette collection évoque le lien entre l’homme et le végétal. La plante a nourri l’homme et l’a fait rêver.
L’exposition « L’Homme et le végétal » est un voyage dans le temps :
Les végétaux ont toujours tenu une place essentielle dans la vie des hommes, parce qu’ils constituent les éléments du milieu dans lequel ils vivent. Ils sont la principale ressource alimentaire des hommes du Paléolithique. Ils sont le combustible qui alimente les premiers feux puis deviennent matériaux de construction pour les habitats du Néolithique (5 500 à 2 000 av. J.-C.), pour les pirogues, premiers moyens de transport, pour les outils agricoles qui favorisent le développement des techniques agraires.
La domestication des végétaux évolue progressivement. Agriculture et élevage sont associés. L’évolution très progressive des techniques agricoles va permettre une plus grande diversité des cultures et de meilleurs rendements. Les plantes mises en culture peuvent être locales, exogènes (d’origine étrangère) et acclimatées avec succès. Ainsi, le maïs introduit en Europe après les grandes découvertes du XVIe siècle est rapidement cultivé dans les territoires landais sous le nom de « blé d’Espagne ».
Si dans les champs poussent des plantes destinées d’abord à l’alimentation, d’autres comme le lin ou le chanvre, répondent à d’autres besoins et la diversification des cultures permet de répondre à de nouveaux usages. Le coton devient un enjeu de la révolution industrielle du textile, tout comme la soie.
Dans les jardins, on cultive les plantes plus fragiles, qu’elles soient alimentaires, médicinales ou tout simplement ornementales. Le plus souvent, la maîtresse de maison se réserve ce territoire proche de la maison, auquel elle apporte ses soins pour l’améliorer.
Au XIXe siècle, les premières extractions des principes actifs et la chimie de synthèse renvoient l’usage des tisanes et des propagations simples (onguents, crèmes, etc.) au savoir culinaire féminin, garant de la bonne santé familiale.
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Visionner la conférence "La biodiversité et nous" par Jean-Marie Pelt et Denis Cheisoux |
Voir le projet de la Maison familiale rurale de Bourgougnague |
Alors que les explorateurs découvrent de nouvelles terres à la nature le plus souvent exotique et luxuriante, les esprits curieux du XVe siècle commencent à s’intéresser à la flore et à la faune qui peuplent leur espace. La botanique au XVIe siècle devient progressivement une discipline à part entière qui reconnaît la plante comme un sujet d’étude. Les peintres ont déjà commencé à dessiner et peindre le végétal avec un réalisme qui permet de l’identifier.
Dès le XVIe siècle, portés par la volonté de définir un savoir commun, des réseaux humanistes s’établissent autour de savants, connus ou moins connus, qui participent à une intensification des échanges d’informations botaniques. La connaissance de la flore de la France et de l’étranger s’améliore.
Au XVIIIe siècle, les plantes sont partout, en semis, alignées, en bouquet, en bordure, en couronne, sur les tissus, les céramiques, les papiers peints... et dans les herbiers qui deviennent à la mode. À l’instar de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), de nombreux amateurs et amatrices s’efforcent de réaliser ces petits chefs-d’oeuvre, vulgarisant ainsi la connaissance botanique. Le médecin Jean Thore (1762- 1823) à la fin du XVIIIe siècle et au début du suivant explore systématiquement les Landes de Gascogne.
La passion de l’ailleurs continue à susciter voyages et explorations souvent commandités par les souverains ; celles-ci deviennent de plus en plus méthodiques, enrichissant le Jardin du Roi d’une grande quantité d’échantillons, de planches d’herbier mais aussi de graines et plants. Léon Dufour (1780-1865) participant à l’expédition d’Espagne de 1808-1814, en rapporte une collection de plantes et d’insectes dont une partie est conservée au Muséum national d’histoire naturelle.
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Ecouter les textes lus de Jean Thore, Léon Dufour et Jean-Jacques Rousseau sur la botanique |
Consulter la base d'Archives numérisées des herbiers landais |
Le naturalisme et les disciplines qui en proviennent se fondent sur l’expérimentation et une plus grande rigueur d’observation. Pour les hommes de sciences, elles doivent se traduire par des évolutions concrètes avec la volonté d’améliorer les milieux dans lesquels les hommes vivent, souvent avec difficulté.
Sur le littoral, le mouvement des dunes retient l’attention de nombreux savants dont Nicolas-Thomas Brémontier (1738-1809) qui préconise la fixation du sable par des plantations de différents végétaux, de l’ajonc aux pins, toujours d’actualité.
Les cahiers de doléances de certaines paroisses revendiquent d’assécher certaines zones humides des marais dont la population redoute les vapeurs « méphitiques » dénoncées par les médecins.
Les sociétés d’agriculture tentent alors des essais, certains raisonnables, d’autres plus fantaisistes. Pour la grande sylviculture qui se met en place dans les années 1870-1880, c’est finalement l’espèce endogène, le pin maritime, qui est retenu. Les paysages landais changent considérablement avec la disparition progressive du système agro-sylvo-pastoral qui entraîne celle d’un mode de vie rural, spécifique à cet espace.
De nouveaux goûts et un commerce qui se mondialise provoquent, lors de la deuxième moitié du XXe siècle, une arrivée importante de plantes ornementales exotiques qui s’installent dans et hors des jardins. Or, les formations végétales landaises sont originales : landes à bruyère, prairies humides et prairies sèches, zones tourbeuses du plateau landais et cordon de dunes et d’étangs du littoral qui abrite des formations rases et arborescentes et des ensembles de végétation aquatiques et amphibies. Cette flore endémique des Landes, flore fragile mais spécifique, connaît alors une crise, à l’issue incertaine, provoquée par la présence de plantes exotiques capables de coloniser des écosystèmes complets et donc de faire disparaître des plantes locales.
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Depuis la fin de la dernière glaciation, il y a environ 12 000 ans, le territoire landais est couvert – pour partie – par des formations végétales très originales. Le plateau sableux landais se caractérise par des landes à bruyères, des prairies humides, des prairies sèches, ainsi que des zones tourbeuses. Sur le littoral, un cordon de dunes et un réseau d’étangs abritent des formations herbacées rases, des formations arborescentes, ainsi que des complexes de végétations amphibies et aquatiques.
Au fil du temps, une flore exceptionnelle s’y est développée, subtil mélange d’espèces qui ont réussi à se maintenir après les glaciations et de nouvelles espèces arrivées depuis les refuges glaciaires de la proche zone méditerranéenne.
Au fil des conquêtes militaires et des voyages outre-mer, de nombreuses plantes exotiques ont été rapportées en France. Le port de Bordeaux, par l’importance de son trafic, semble être un point d’arrivée pour plusieurs d’entre elles. Plus tard, durant la seconde moitié du XXe siècle, le commerce des plantes d’ornement a également apporté son lot d’espèces exotiques.
Loin de leurs habitats naturels d’origine, la majorité de ces plantes a trouvé des conditions favorables à son développement, d’abord dans les parcs et jardins, puis dans les milieux naturels landais. Une poignée d’entre elles seulement a réussi à franchir toutes les barrières biologiques pour devenir invasives, qualifiées alors de « pestes végétales ». Dans ce lot de plantes invasives, rares sont celles qui conduisent à une déstructuration des écosystèmes landais, mais leur impact sur la survie des espèces indigènes est majeur.
Aujourd’hui, les invasions d’espèces exotiques sont considérées comme le deuxième facteur d’érosion de la biodiversité dans le monde, c’est le cas dans les Landes. La flore endémique exceptionnelle de notre département connaît aujourd’hui une crise dont l’issue est incertaine. Face à ce constat, des actions de lutte sont entreprises mais leur coût financier et leur impact sur les écosystèmes sont très élevés.
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Voir le projet du lycée agricole LEGTA Hector Serres de Oeyreluy |
Visionner la conférence "Flore sauvage : le patrimoine landais" par Thierry Gatelier |
Voir le projet du collège Pierre Blanquie à Villeneuve-de-Marsan |
Avait-il un atelier, un bureau ou était-ce sur la table du repas familial qu’il déposait sa récolte quotidienne ? Qui était-il et que cherchait-il en composant ses herbiers ? Quel était son rêve ? Aujourd’hui sous mes yeux défilent ces portraits de plantes. Tout son travail, autant de réponses possibles. À la découverte des précieuses planches de végétaux déployés sur le papier, à travers leurs empreintes, nous nous sommes rencontrés. Je le devine appliqué à lisser les feuilles d’un plantain, à déplier un rossolis pour en faire ressortir toute la complexité, à compléter une étiquette de son écriture raffinée. Chaque réalisation dit sa patience et sous des couleurs fondues, brunes pour la plupart, garde à la plante sa physionomie, sa personnalité.
L’herbier, arrivé jusqu’à moi, a fait naître un sentiment mêlé de douceur, de respect, d’émotion. Dans mes premiers pas hésitants, de feuille en feuille, se dessinaient des images mystérieuses. Je marchais sur des chemins inconnus. Je voulais découvrir, être étonnée. Je me suis laissée émerveiller. Comme lui, sous le même soleil, j’ai observé parfois longtemps chaque plante. J’ai cherché leur secret. Je me suis inventée des voyages, j’étais exploratrice et nous nous sommes croisés. À la naissance d’une tige, à la lisière d’un pétale, dans la transparence d’une corolle nous nous sommes retrouvés. À la couleur, à la forme, à la lumière, au vent j’ai composé ma palette. Et mon travail s’est construit comme un prolongement. Un lien à ne pas rompre.
Après un début de carrière dans le dessin industriel, Martine Chenais intègre l’Ecole technique de photographie et d’audiovisuel (ETPA) de Toulouse en 1986. Photographe de plateau pour La Cinq jusqu’à la fermeture de la chaîne télévisée, portraitiste et maquettiste pour différents magazines, durant trois ans, Martine aiguise son regard de photographe. Avec la fin de l’aventure de La Cinq, sa parenthèse parisienne s’achève en 1992. Native du Gers, Martine revient alors dans le Sud-Ouest et s’installe dans les Landes où elle répond à des commandes de diverses institutions publiques. Jusqu’en 2005, elle est pigiste pour le journal Sud-Ouest à l’agence de Mont-de-Marsan et pour Côté Sud, Votre maison et Jardin passion, elle réalise des photographies de décoration. De ce parcours ponctué de rencontres et de ruptures, Martine a forgé son indépendance et son autonomie. Pour Martine Chenais, la photographie est une respiration. Comme on ne réfléchit pas à la mécanique de ses poumons, elle ne se perd pas dans le dédale des techniques de la prise de vues. Son point d’équilibre est dans ce qu’elle voit et non pas dans la manière de le photographier : « Être à la bonne place, être juste. Être dans le lieu, dans le sujet. Et respirer comme lui. »