L'Adour, s'installer aux bords

L'Adour, s'installer aux bords

Fleuve nourricier, les découvertes archéologiques témoignent d’une implantation humaine ancienne, remontant à la Préhistoire (Gave de Pau par exemple). L’homme intervient très tôt dans l’histoire de l’Adour s’installant à proximité pour profiter de ses ressources et satisfaire ses besoins essentiels. Les hommes aménagent les bords de l’eau pour y installer ses outils de pêche, organiser les champs.

Sommaire

Dominer les rives

Dès le Moyen Âge, les espaces traversés par l’Adour et ses affluents les plus importants sont dominés par villes, châteaux ou abbayes contrôlant tout à la fois terre et fleuve. Les villes sont peu nombreuses : Aire, Dax dont les fondations sont attestées depuis l’Antiquité, Mont-de-Marsan, fortifiée au début du XIIe siècle à la confluence entre le Midou et la Douze, et Tartas dont la vicomté se structure entre le Xe et le XIIIe siècle à proximité de l’Adour et de la Midouze.

En milieu rural châteaux et abbayes maillent le territoire en particulier au sud de l’Adour.

Travailler la terre

Occupant en majorité un espace de plaines et de collines, le bassin de l’Adour apparaît comme un ensemble de régions agricoles affirmées. Depuis le Néolithique, élevage puis productions végétales y ont toujours été bien présents. Cependant, entre vallées montagnardes (Adour, gaves, rivières basques), pays de piémont et contrées plus septentrionales des Landes de Gascogne (traversées par la Gouaneyre, l’Estrigon ou le Bès), des différences se remarquent.

Les géographes des années 1930-1960 s’intéressent beaucoup aux paysages hérités de l’histoire de l’occupation du sol, aux genres de vie des habitants, aux types d’habitat : champs ouverts ou bocages de pays encore très ruraux, gens de la terre ou ouvriers-paysans d’une société basculant vers l’industrialisation puis la tertiarisation, habitat groupé ou dispersé, et bien d’autres nuances faisant la marqueterie et un peu l’âme des contrées hexagonales et d’ailleurs. Cependant, les transformations de l’économie et des modes de vie depuis les années 1960 modifient les productions et les orientations agricoles et, partant, les paysages ruraux. L’agriculture devient résolument productiviste et change les horizons : vastes hangars et ateliers de production fonctionnels, raréfaction des haies, immenses parcelles d’exploitation avec pivots d’irrigation, aménagements de lacs collinaires…

Pratiquer la pêche

L’Adour est un fleuve à la ressource halieutique importante. La diversité de ses eaux, douces et salées, la présence des Gaves de Pau et d’Oloron venant des Pyrénées, l’influence des marées ressentie sur plus de 30 kilomètres, constituent un milieu propice au développement et au passage d’une grande variété de poissons. Brochets, esturgeons, jeunes esturgeons, lamproies, tanches, vandoises sont cités dès le Moyen Âge. Il faut y ajouter, mulets, truites de mer, aloses, sars, et bien entendu les amphihalins que sont les aloses, anguilles, esturgeons, lamproies, saumons. Ainsi, cette ressource naturelle a, de tout temps, généré une grande activité de pêche. Le bassin de l’Adour comptait 1500 marins pêcheurs avant la Première Guerre mondiale, plus de 400 bateaux de pêche naviguaient sur le fleuve. Dans l’entre-deux-guerres, 32 pêcheries étaient réparties sur l’Adour entre Dax et Bayonne.

Parmi toutes les activités pratiquées sur l’Adour au cours des siècles, la pêche tient une place essentielle.

Utiliser le courant

Si on connaît aux fleuves et aux rivières des utilisations immédiates avec la pêche et l’irrigation pour l’agriculture qui ont favorisé l’installation précoce des hommes dans leur proximité, des activités, autres qu’alimentaires, ont utilisé le courant de l’eau comme élément d’entraînement et son énergie mécanique pour la convertir en énergie thermique ou électrique après les révolutions industrielles du XIXe siècle. Sur les bords de l’eau se côtoient des petits métiers, des entreprises artisanales puis industrielles qui nécessitent certains aménagements et dont les modes de production peuvent provoquer des conflits d’usage entre les riverains. Certaines de ces activités disparaissent au fur et à mesure du temps, rejetées parce que la population riveraine n’en supporte plus les nuisances ou concurrencées par d’autres plus rentables ou récemment apparues avec le développement des techniques.

Prier et guérir

Le département des Landes est riche d’un très grand nombre de sources aux propriétés remarquables et 85% d’entre elles appartiennent à l’espace du bassin versant de l’Adour, zone densément peuplée.

Les fontaines miraculeuses

A part quelques fontaines se trouvant en milieu urbain (Aire-sur-l’Adour, Saint-Sever et Dax), l’essentiel, à plus de 95%, se trouve en milieu rural, dans des bourgs de petite importance et souvent même dans des lieux isolés et donc éloignés de tout contrôle civil ou ecclésiastique. Leur situation sur des frontières communales ou paroissiales, et donc sur des limites séparant le « chez moi » de l’extérieur est fréquente ; cette position en lisière du monde policé et du monde sauvage leur confère une dimension symbolique particulière accentuée par une proximité avec la forêt.

Eaux thermales, pouvoir médical

Aux sources du thermalisme, des eaux aux propriétés spécifiques dont les médecins prennent peu à peu le contrôle. Les eaux minérales sont des eaux souterraines présentant une concentration stable et particulière de sels minéraux dissous ; elles sont dites « thermales » lorsqu’elles ont une température supérieure à 30°C.

Sociabilités thermales

Le premier syndicat d’initiative français est fondé à Cauterets en 1884. Cette station thermale pyrénéenne du bassin de l’Adour, fréquentée depuis le XVIIIe siècle, cherche à diversifier les activités proposées aux curistes mais aussi à ceux qui les accompagnent. Les théories aéristes et climatistes fondent la lutte contre les maladies microbiennes et les miasmes en général sur les bienfaits thérapeutiques de certains climats, le repos, les activités physiques modérées et l’alimentation riche. À ces préconisations s’ajoute l’attrait romantique pour la montagne.

Les auteurs

Dans le cadre de l’exposition « Adour, d’eau et d’hommes » présentée aux Archives départementales des Landes, un conseil scientifique composé de deux historiennes et d’un géographe a été retenu afin de rédiger une synthèse autour de trois grandes thématiques que sont « La ressource », « Le courant » et « Le chemin de l’eau » dans lesquelles vous aurez plaisir à découvrir de nombreux chapitres sur l’histoire du fleuve Adour.

Les Archives départementales, la direction de la culture et du patrimoine ainsi que le Conseil départemental des Landes tiennent à adresser leurs remerciements aux différents auteurs pour la qualité de leurs textes

  • Madame Chantal Boone est docteur en histoire contemporaine (Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris) et spécialiste en histoire de la médecine et des sciences biologiques au XIXe siècle. Professeur en immunologie puis en histoire et géographie, elle a été enseignante au service éducatif des Archives départementales des Landes. Retraitée de l’Education nationale, elle est l’auteur de deux ouvrages, Léon Dufour (1780-1865), savant naturaliste et médecin et Hommes de sciences dans les Landes aux XVIIIe et XIXe siècles et codirectrice de publication des Actes du colloque Herbiers, trésors vivants.
  • Docteur en histoire (Université de Pau et des Pays de l’Adour), madame Sophie Lefort-Lehmann est spécialiste du patrimoine fluviomaritime. Enseignante en tourisme, histoire et patrimoine à Bayonne, elle occupe le poste de médiatrice culturelle pour le Pôle Patrimoine et l’Office de tourisme de la Ville de Bayonne. Elle est également l’auteur d’articles dans les revues Historia et Arcades.
  • Agrégé de géographie, monsieur Jean-Jacques Fénié a enseigné la géographie et la géopolitique du monde contemporain en CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) à Pau, puis à Bordeaux. Membre du conseil scientifique de l’exposition « Adour, d’eau et d’hommes », il est l’auteur de nombreuses publications dont le Dictionnaire des pays et provinces de France co-écrit avec son épouse Bénédicte Fénié, L’invention de la Côte d’Argent suivi du Vocabulaire de la Côte d’Argent, etc. Il est membre de la Société de Borda et correspondant de presse pour le journal Sud-Ouest où il assure aussi la rubrique hebdomadaire Parlam gascon.

Les Archives départementales remercient également tout particulièrement l’Institution Adour ainsi que son Président, Paul Carrère et Aurélie Darthos, directrirce générale des services techniques pour leurs investissements, disponibilités et l’écriture de la dernière partie de cette publication de synthèse.

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