Une activité de transformation : la distillation de la gemme

Après 1860, l'accroissement de la production de gemme s'explique par le développement des étendues de pins gemmés, au fur et à mesure que progressent les ensemencements des landes dites communales. D'autre part, la demande extérieure s'accroît, stimulée par le retrait sur le marché du plus gros concurrent, les États-Unis, pendant la guerre de Sécession (1861-1865). Enfin, la chimie de transformation apporte de nouveaux débouchés.

Dans un premier temps, les fabricants de produits résineux, placés souvent à la tête de petites entreprises artisanales font preuve d'un esprit individualiste, peu enclins à l'entente et peu favorables à la concentration des moyens de production et des nouvelles techniques.

Néanmoins, la distillation qui utilise toute une panoplie d'installations diverses par leur âge et leur degré de perfectionnement fournit un panel de produits dérivés, commercialisés autant pour des emplois traditionnels que nouveaux :

  • l'essence de térébenthine trouve son principal débouché comme solvant dans l'industrie des peintures, vernis et produits d'entretien, de même que dans certaines industries de synthèses chimiques.
  • les colophanes et les brais trouvent leur emploi dans l'encollage des papiers et la fabrication de savons résineux, ainsi que dans la confection des tuyaux de plomb. La colophane brûlée sous cloche donne des noirs de fumée particulièrement appréciés pour la fabrication de l'encre d'imprimerie.
  • les brais permettent des huiles de résine, avec notamment la résine jaune qui entre dans la fabrication de torches et de chandelles.
  • le brai noir, le brai gras et le goudron servent au calfatage des bateaux, à l'enduit des cordages et à la fabrication des papiers et cartons cirés.

Mais avec la flambée du cours de la gemme, la tendance s'inverse et les résiniers du Marensin et du Born se sentent pénalisés. Cette situation qui est à l'origine dès 1905 des premières grèves de résiniers dans le Marensin et Pays du Born, s'accompagne de la création des premiers syndicats des gemmeurs. Pour défendre collectivement leurs intérêts et leurs revendications sur les conditions de travail, les résiniers multiplient les syndicats : en 1934, la puissante Fédération des gemmeurs regroupe 90 syndicats, soient près de 10000 adhérents.

Devant la situation de crise de 1933 et les menaces graves qui pèsent sur les produits résineux, avec la concurrence étrangère, s'organise un front commun pour la défense de la production de la gemme. Le Syndicat des propriétaires forestiers du Sud-Ouest et la Fédération des gemmeurs du Sud-Ouest formant une entente, proposent la création d'une Caisse de compensation des résineux, dont le fonctionnement reposerait sur une avance effectuée par l'État. Voté par la Chambre des députés, le projet de loi est refusé par le Sénat.

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