Thème 3 : Les programmes à la lumière de Vichy
Philippe Pétain, bien avant la Seconde Guerre Mondiale, critique l’Ecole républicaine. A la faveur de la défaite et d’un nouveau régime politique, il met en œuvre une éducation destinée à sauver la France en associant étroitement la famille, l’école, l’église et certaines institutions.
Le programme éducatif de la Révolution Nationale, lancée par Pétain, est clair : en s’appuyant sur un nationalisme intégral, la famille, la religion chrétienne, la tradition, l’autorité, l’élitisme et la discipline, il s’agit d’éduquer la jeunesse pour rétablir l’ordre social perverti par la République. Des avantages sont ainsi accordés à l’enseignement privé, un examen d’entrée en 6e est instauré, quasiment réservé aux enfants issus de milieux aisés.
En 4 ans, 6 ministres de l’Education se succèdent. Entre juin 1940 et février 1941, 4 ministres (dont 3 en 1940) occupent le poste. C’est le temps de l’épuration républicaine. L’intervention de l’occupant, la désorganisation complète du secteur éducatif et les rivalités internes expliquent les évictions des ministres. De février 1941 à avril 1942, Jérôme Carcopino incarne le temps de la remise en ordre et du compromis. C’est lui qui porte la loi d’août 1941 sur la fin de l’épuration du corps enseignant. A partir d’avril 1942, Abel Bonnard, « plus allemand que les Allemands » (Pierre Laval) tente en vain une nazification de l’enseignement.
La pédagogie sous le régime de Vichy s’appuie avant tout sur l’autorité et la tradition et rejette la laïcité. L’élève doit obéir à une morale centrée sur la devise « Travail – Famille – Patrie ». Les manuels sont révisés, notamment ceux d’histoire qui se focalisent sur les gloires nationales et évitent « tout ce qui est dangereux pour l’Etat et la patrie » (arrêté ministériel du 23 novembre 1940). 12 manuels de cette discipline sont tout simplement interdits.
Le culte du Maréchal est une réalité dans les écoles. Cela commence par le portrait de Philippe Pétain qui est affiché dans chaque salle de classe mais aussi intégré dans l’enseignement sous la forme de dessins, de messages radiophoniques, de ventes de bienfaisance etc. Des lettres au Maréchal sont rédigées, le chant « Maréchal, nous voilà » est appris et chanté en classe, du matériel scolaire à son effigie est vendu. Le voyage scolaire à Vichy devient un objectif pédagogique. L’année scolaire est ponctuée de fêtes qui deviennent un prétexte pour honorer le chef de l’Etat Français : anniversaire du Maréchal, fête des Mères.
Les programmes sont modifiés, avec trois changements majeurs. Tout d’abord, les manuels et textes sont remplacés par de nouveaux contenus et des discours de Philippe Pétain. Ensuite, un Enseignement Général et Sportif accorde plus de place à la formation physique de la Jeunesse. Enfin, les démarches pédagogiques se veulent plus concrètes et pratiques.
Ces politiques d’éducation sont dans l’ensemble assez vaines. Le corps enseignant n’a pas vraiment suivi, refusant catégoriquement le retour de l’Eglise ou des valeurs autoritaires, élitistes et conservatrices du régime de Vichy. Dans un climat de peur, d’occupation, d’arrestations et de déportations (enseignants et élèves), les professeurs se sont souvent détachés de l’Etat français.