Thème 5 : L'école de l'après-libération

En 1945, les cahiers de doléances pour la Renaissance française sont créés par le GPRF. Organisés en trois questionnaires sur la culture, l’armée et la politique, ils ont pour vocation de tourner la page « Vichy ». Dans les Landes, 164 communes sur 334 ont participé à l’enquête, les réponses émanant d’acteurs variés : comités de libération, partis politiques, associations, syndicats, conseils municipaux etc.

Le questionnaire « culture » apporte un éclairage sur l’Ecole de l’après-libération et les attentes pour cette institution en reprenant le programme du CNR lancé en 1943. Celui-ci insiste sur l’égal accès à l’éducation, l’importance de récompenser le mérite et le poids du peuple. Il est intéressant d’identifier les participants au questionnaire. Les comités communaux de libération (CCL), crées par le CNR, sont bien implantés dans les Landes. Une même commune peut être représentée par trois acteurs différents (conseil municipal, CCL, parti politique). Ces documents portent une réelle interrogation sur l’état de l’Ecole au sortir de la guerre.

La première question aborde la gratuité de l’école. Dans l’ensemble, les réponses sont positives et insistent sur la nécessité de favoriser l’égal accès au savoir. Certaines réserves sont toutefois émises par des communes qui expriment le souhait d’une sélection, notamment dans le secondaire pour ne pas encombrer les classes.

La laïcité est ensuite traitée et unanimement reconnue comme garantissant la neutralité de l’enseignement. Le souvenir des écoles « libres » sous Vichy est fréquemment mentionné.

Les principes républicains sont rappelés avec véhémence. Certaines communes exigent de la part des enseignants un engagement complet et demandent la révocation des « traîtres ».

La recherche scientifique est vivement encouragée, les participants déplorant le retard de la France ainsi que l’état de vétusté des laboratoires. La recherche doit élever l’humanité et non l’orienter vers « un destin funeste ».

L’encadrement des loisirs par l’Etat est souhaité mais le spectre du totalitarisme reste redouté. Quelques communes estiment toutefois que le travail doit demeurer prioritaire. L’importance de l’Etat-providence se ressent pour aider le pays à se relever et pour protéger les plus démunis.

La question des saisons apparaît, par rapport au besoin de main-d’œuvre dans les champs, mais aussi pour moderniser les pratiques agricoles. Deux idées s’imposent : tout d’abord, il convient de ne pas pénaliser le travail agricole en adaptant le volume horaire d’enseignement selon les saisons. Ensuite, il faut professionnaliser la voie agricole avec une formation encadrée par des enseignants compétents.

Dans un contexte où les femmes obtiennent le droit de vote, il est intéressant de noter que leur place est abordée à quelques reprises, de manière péjorative. En effet, les femmes sont encore perçues comme un frein à l’enracinement de la laïcité. Leur engagement sportif n’est pas du goût de tous, la femme devant faire preuve de plus de retenue que l’homme dans ce domaine.